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Auguste Lafon, le destin d'un poilu

  • houelse
  • 5 déc. 2023
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 26 oct. 2024





Mon arrière-grand-père, Auguste Lafon, est né au hameau de Bellauride, sur la commune de Chalvignac, dans le Cantal, le 30 octobre 1875. Chalvignac compte à l'époque plus de mille habitants, essentiellement des fermiers. Le village, très étendu, se situe non loin de Mauriac. De l'autre côté du bourg, en contrebas, coule la Dordogne, qu'enjambe aujourd'hui le barrage de l'Aigle, et qui sépare le Cantal de la Corrèze.


La famille Lafon, originaire du proche village corrézien de Soursac, s'est installée ici en 1733; au hameau de Bellauride vivent les parents d' Auguste: Pierre Lafon, 23 ans, et son épouse Elizabeth Dufayet, 32 ans. Le couple s'est marié à Anglards de Salers le 3 février de la même année. Auguste est leur premier-né. Les Lafon s'installent ensuite au hameau d' Albos, non loin, sur la commune de Mauriac, où naît Marie, leur deuxième enfant, le 18 juillet 1878. Deux ans plus tard, Elisabeth attend le troisième enfant du couple, alors que la vie de la famille s'apprête à basculer.


Le 12 avril 1880, Pierre, âgé de seulement vingt-sept ans, meurt à Mauriac (au domicile d'un nommé Jean Ballit, clerc de notaire, qui déclare le décès). Firmin Lafon voit le jour le 26 octobre 1880 à Mauriac, puis Elisabeth quitte Albos avec ses trois enfants et retourne vivre à Bellauride, où réside encore la mère de son défunt mari, Marguerite Bancharel. Les trois enfants grandissent alors auprès de leur mère et de leur grand-mère. Marguerite s'éteint quelques années plus tard, le 16 janvier 1893, à 84 ans.


Auguste est devenu cultivateur, comme son défunt père. A l'âge de 21 ans, il part faire son service militaire: il est incorporé au 98ème régiment d'infanterie le 12 septembre 1896. Libéré du service le 19 septembre 1897, il passe dans la réserve de l'armée active le 1er novembre 1899.


La vie semble enfin lui sourire: des fiançailles sont célébrées, et, le 24 janvier 1900, Auguste Pierre Lafon épouse Jeanne Berche en l'église Saint-Martin de Chalvignac. Il part s'installer avec son épouse sur la propriété de ses beaux-parents, à Crouzit-Bas, au sud du village. Quelques mois plus tard, à la fin de l'été, Elisabeth disparaît à son tour, à l'âge de 57 ans.


 A la tristesse de cette disparation, succède la joie d'une vie nouvelle: en effet, à la fin de cette première année du vingtième siècle, Auguste et Jeanne -que tout le monde surnomme Johanna-, désireux de fonder une famille, ont la joie d'attendre leur premier enfant. Dans les tous premiers jours de 1901, les contractions arrivent: un garçon, Léon Marius Lafon, vient au monde le 5 janvier. Mais la série noire continue, et le pauvre enfant meurt dix jours plus tard. Le sort semble s'acharner sur la famille: Firmin , le frère cadet d' Auguste, meurt le 24 juillet, à seulement 21 ans. Puis le 3 décembre, Michel Berche, le père de Jeanne, quitte ce monde à l'âge de 60 ans. Les coups du sort s'enchaînent, et Johanna vit désormais avec sa mère à Crouzit-Haut, Auguste étant souvent absent car depuis novembre 1901, il travaille comme domestique près de Chartres, à Saint-Léger des Aubées.


Le 20 décembre 1902 naît Marie-Louise Lafon, apportant à nouveau un peu de bonheur au sein de cette famille rudement touchée par les deuils. Mais ce bonheur est éphémère: Marie Brugère, la mère de Johanna, meurt le 23 novembre 1903. Un malheur n'arrivant jamais seul, la petite Marie-Louise meurt à son tour le 15 août 1904. La période noire continue, Johanna est désormais seule, Auguste vit loin d'elle et ne peut la réconforter. Il réside à cette époque à Oison, dans le Loiret.


Un an plus tard, un nouveau bonheur vient brièvement illuminer cette période sombre: Johanna accouche d'un garçon que l'on prénomme Justin, mais qui ne vivra que quelques semaines; on peut supposer qu' Auguste, qui travaille de nouveau à Saint-Léger des Aubées, au hameau de Goimpy, sur la ferme de la famille Lhopiteau, n'a jamais pu connaître son nouveau-né.

Les années passent, Johanna, toujours seule, sur la ferme des Berche, Auguste revenant de loin en loin. A la fin de l'année 1908, elle se trouve de nouveau enceinte. La famille s'en réjouit-elle? Avec cette nouvelle grossesse arrivent aussi les angoisses désormais habituelles: la Faucheuse viendra-t-elle une fois de plus prendre ce nouvel enfant?


Johanna accouche le 29 juillet 1909, et après avoir donné le jour à un garçon, de nouveau elle a mal: il faut se rendre à l'évidence: un second bébé arrive une demi-heure après le premier. Jeanne a donné naissance à des jumeaux! Ces deux beaux garçons seront prénommés François-Martin et Maurice-Auguste. François ne vivra que six mois, il meurt le 4 février 1910. Maurice grandit sans soucis, il est en bonne santé. C'est le seul de leurs enfants qui atteindra l'âge adulte.


Auguste revient définitivement à Chalvignac en 1910. Le destin leur laisse un peu de répit, ils vivent paisiblement à Crouzit-Haut. Mais le destin s'acharne inexorablement.


Le 2 août 1914, la guerre éclate: c'est la mobilisation générale. Dès le 3 août, Auguste doit partir rejoindre son régiment pour défendre la Patrie, laissant derrière lui sa femme et son fils de 5 ans.


Auguste passera presque une année dans l'enfer des tranchées. Les nouvelles se feront de plus en plus rares. Au printemps 1915, il se trouve en Belgique, à Lizerne, près du canal de l'Yser où les combats font rage. Un obus aura raison de lui


Un mot laconique informera, fin juin, la veuve et l'orphelin de "la mort du soldat Lafon Auguste Pierre (...) tombé au champ d'honneur le 29 mai 1915 à Boetingle sur le canal de l'Yser", blessé mortellement "par un éclat d'obus à la tête et à l'aine gauche". Le Ministère de la Guerre leur fera parvenir tout ce qu'il reste d' Auguste: la croix de guerre avec étoile de bronze et la médaille militaire. Et le glorieux titre de "Mort pour la France".




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