Catherin & Catherine
- houelse
- 9 avr.
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Le 22 juin 1745, on célébrait en la paroisse brionnaise de Varennes-sous-Dun ( actuelle Saône-et-Loire) le mariage de mes ancêtres Catherin Bajard et Catherine Gelin. Le futur époux est né en la paroisse, il a été baptisé le 20 avril 1724, jour de sa naissance, par le curé Pierre de Bellefond.

Laboureur comme son père Philibert Bajard, présent à la noce, il a perdu sa mère Pierrette Durix quelques années auparavant. La défunte fut rapidement remplacée et Claudine des Brosses, seconde épouse de Philibert, lui donna sur le tard trois enfants supplémentaires.
À 21 ans, Catherin est déjà veuf. Sa première épouse, Jeanne Canet, est morte un an plus tôt. Le couple avait convolé dans la même église le 13 février 1741. Catherin n'avait pas encore dix-sept ans, et Jeanne n'avait pas atteint ses douze ans! Mais cela n'avait à l'époque rien d'immoral. L'Eglise autorisait le mariage à douze ans pour les filles et quatorze ans pour les garçons.
De cette première union ne naquit aucun enfant. La très jeune mariée mourut le 20 mai 1744 à l'âge de quinze ans. Huitième des neuf enfants de Philibert Bajard et Pierrette Durix, Catherin Bajard se remaria donc treize mois plus tard avec Catherine Gelin.

Également fille de laboureurs, Catherine vit le jour sur la paroisse voisine de Montmelard, le 15 décembre 1726. Son père Claude Gelin est présent au mariage, sa mère Claudine Comte est défunte depuis une dizaine d'années.

C'est à Varennes, au village de Montrossin, que le couple passera le reste de ses jours et fondera une famille.
Claude, le fils aîné, rejoint le foyer le 3 février 1748. Son aïeul paternel Philibert et l'épouse de ce dernier sont parrain et marraine. Exactement trois ans plus tard naît son cadet, aussi prénommé Claude, qui meurt l'été suivant. Déjà endeuillée, en mai de la même année, par le décès de Simon Bajard, le frère aîné de Catherin, la famille fait face le 11 octobre 1751 à un troisième deuil: Philibert Bajard, le patriarche, meurt à l'âge de 65 ans. Né à Varennes en 1686, il avait eu au moins douze enfants de ses deux mariages: neuf avec Pierrette Durix, disparue en 1739, et trois avec Claudine des Brosses. Cette dernière s'éteindra trois ans plus tard.

La vie reprend ses droits et Claudine Bajard est baptisée le 13 mai 1752. Suivront Jean-Claude le 9 mars 1754 puis mon aïeul Philibert le 25 avril 1756. Mais le petit dernier, hélas, n'aura pas l'occasion de connaître son père.

Catherin Bajard s'éteint le 3 août 1756, " muny des secours spirituels", à seulement trente-deux ans. Le lendemain, au cimetière Saint-Martin de Varennes, ses beaux-frères Jean Trichard, Jean Jacquier, Sébastien Auberger et Benoît Gélin l'accompagnent à sa dernière demeure. Catherine désormais veuve doit élever seule ses quatre enfants.
À nouveau la mort vient frapper à Montrossin le 14 mars 1759: la petite Claudine qui n'a pas sept ans s'en va rejoindre son défunt père dans l'au-delà. Catherine n'a plus que ses trois fils, Claude, Jean-Claude et Philibert. Aussi cruelle que soit la mort d'un enfant, il faut bien reconnaître que cela fera une bouche de moins à nourrir.
Ainsi passent les années de labeur, au cours desquelles les frères Bajard exercent leur dur métier de laboureur à Montrossin. Puis vient le temps de fonder une famille.

Le 17 février 1775, en l'église de Varennes où si souvent ils se sont rassemblés pour des funérailles, les Bajard sont à nouveau réunis, cette fois-ci pour un évènement joyeux : l'abbé Pitoys-Labaume célèbre l'union de Jean-Claude Bajard avec Marguerite Corneloup. Marguerite est une jeune orpheline qui vient d'avoir douze ans, et ses tuteurs veulent sûrement se débarrasser d'une bouche supplémentaire à nourrir. Parmi les témoins sont mentionnés Pierre Corneloup, oncle de l'épouse, Claude Fayard son tuteur et Messire Charles Mathieu, "chanoine de l'insigne église de Beaujeu [Rhône]". L'époux est le seul à savoir signer l'acte avec les deux hommes l'église. Sa mère , qui habite alors la paroisse voisine de Saint-Racho, est présente et consentante. Catherine Gélin, après la mort prématurée de son mari Catherin, ne s'est jamais remariée.

Le 25 février 1783, le vicaire Arnaud célèbre le mariage de Philibert avec sa belle-sœur, Pierrette Corneloup ( soeur cadette de Marguerite). Philibert signe l'acte qui nous apprend par ailleurs que sa mère Catherine était tutrice de sa future belle-fille Pierrette. Avait-elle un lien de parenté quelconque avec ses défunts parents ? Rien ne semble l'indiquer.

Pierrette n'a pas encore quatorze ans; née à Varennes le 15 mars 1769, elle fut orpheline dès son premier jour sur cette Terre: son père Laurent est décédé en juillet 1768, plusieurs mois avant sa naissance. Sa mère Catherine Lathuilière mourut en la mettant au monde.
Philibert et sa jeune épouse s'installent à Saint-Racho, où ils sont laboureurs. Catherine, quant à elle, est revenue vivre à Varennes, au village de La Thuillière. Elle y habite certainement avec son fils Jean-Claude et sa bru, qui est enceinte. L'enfant doit naître en septembre. La soixantaine approche et, deux mois à peine après le mariage de son dernier fils, la santé de Catherine décline rapidement.

Elle s'éteint moins d'un mois plus tard," munie des secours spirituels", le 9 mars 1783, vingt-neuf ans jour pour jour après avoir donné naissance à son fils Jean-Claude. Ainsi la pauvre Catherine n'aura jamais la joie de connaître ses petits-enfants. Elle est rapidement ensevelie, et s'en va retrouver son Catherin défunt depuis vingt-sept ans. Tandis que Catherin et Catherine sont réunis pour l'éternité, la vie continue pour leurs descendants : Jean-Claude et Marguerite passeront toute leur vie à Varennes et auront cinq enfants. Philibert, laboureur à Saint-Racho, y passera toute son existence ; de ses deux unions naîtront sept enfants. La trace de Claude, le fils aîné né en 1748, s'est perdue dans les arcanes de l'état civil.

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