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Les soeurs Ducher, épisode 3: Marie Ducher

houelse

Dernière mise à jour : 23 oct. 2024

Entrée du bourg de Saint-Vincent de Salers, dans la vallée du Mars, berceau de la famille Ducher

Le 28 février 1856, il fait encore bien froid lorsqu'en début d'après-midi, juste après le déjeuner, Antoine dit Jean Ducher, terrassier de trente-huit ans, pénètre dans la mairie de Saint-Vincent pour y déclarer la naissance de sa troisième fille. Il est accompagné de Pierre Joncoux et Jean Chadefaux, propriétaires au bourg. L'enfant est née à quatre heures du matin, et sera prénommée Marie. Elle grandit à Saint-Vincent entourée de ses nombreux frères et sœurs.



Marie Ducher décide de partir chercher du travail à Paris, où elle s'installe. Elle est accueillie et hébergée par son oncle Pierre Dauzet et sa tante Elisabeth Dumas ( sœur de sa mère) au 2, boulevard Richard-Lenoir et travaille comme femme de chambre. Le 18 janvier 1880, dans le onzième arrondissement, elle épouse Joseph-Henri Maurs, marchand de vins né le 31 janvier 1852 à Livinhac-le-Haut (Aveyron). Il est domicilié au 54, rue des Tournelles, dans le troisième arrondissement. Les parents des époux ne peuvent faire le déplacement, mais consentent au mariage par acte notarié. Deux des témoins sont des amis des époux : Philippe Angelergues, marchand de vin, et Célestin Soulage, négociant. Les deux autres témoins appartiennent à la famille de Marie. Il s'agit d'Antoine Tible, 33 ans, marchand d'outils habitant 8 rue de Lappe. Il est le cousin germain de Marie, fils de Jean Tible et de Catherine Ducher, sœur de son père, née à Saint-Vincent en 1822. Le dernier témoin est Pierre Dauzet. Le couple s'installe dans le troisième arrondissement, rue des Tournelles, où voit le jour leur premier fils,  Henri, Jean-Marie Maurs, le 6 décembre 1880.

La rue des Tournelles (Paris III) où vivent les Maurs en 1880

La famille déménage ensuite pour s'installer au 118 rue du Bois, à Levallois-Perret, une commune créée en 1866 en bord de Seine, qui jouxte le dix-septième arrondissement. C'est là que naît leur second fils, Hubert, Jules, Roger Maurs, le 26 septembre 1885. Henri et Marie exercent tous deux la profession de marchands de vins.



Le 25 janvier 1891, Henri Maurs, accompagné de son beau-frère Pierre Ducher, se rend à la mairie du onzième arrondissement pour déclarer le décès de l'oncle Pierre Dauzet, mort la veille à l'âge de 64 ans. Les Maurs résident alors au 63 rue de la Roquette (11è).


Vue ancienne de la rue du Rendez-Vous, où Henri et Hubert Maurs ont vécu dans leur jeunesse

Les  frères Maurs, Henri et Hubert, grandissent dans le onzième arrondissement, que la famille quitte ensuite pour s'installer dans le douzième, au 60 rue du Rendez-Vous.

Les deux frères se ressemblent : Henri est très brun aux yeux noirs, il a le menton rond et le visage ovale et mesure 1m62. Son cadet a les mêmes yeux et les mêmes cheveux, le même menton rond et le même visage ovale et mesure 1m65. C'est ce que nous apprennent leurs fiches matricule. Avec la vingtaine, l'heure du service militaire a sonné.



En 1901, l'aîné, Henri, part au régiment. Il est incorporé au 146ème régiment d'infanterie le 16 novembre 1901. Il est envoyé en disponibilité en octobre 1903. À la même période, son cadet, Hubert, s'engage comme volontaire dans l'armée. Affecté au régiment de Dragons de Fontainebleau, il sera condamné en 1907 par le tribunal correctionnel de la Seine à huit jours de prison et cinquante francs d'amende pour port d'arme prohibée.




La brave tante Elisabeth a tiré sa révérence le 2 décembre 1906, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans. C'est Michel Bessin, marchand de vin au 4 rue de la Roquette et époux de sa nièce Marie Dumas ( fille de son défunt frère Jean et de Jeanne Tissandier) qui a déclaré le décès.



En 1907, lors du mariage d'Henri, le fils aîné, avec Marguerite-Elise Joseph, toute la famille demeure encore au 60 rue du Rendez-vous. L'année suivante, Hubert épouse Gabrielle Bresson, née en 1886 à Dijon (21). Au foyer d'Henri et Marguerite naît, le 16 août 1909, un garçon qui sera nommé Henri Victor Maurs. Son cousin, Paul Hubert Maurs, vient au monde le 3 janvier 1912. Marie Ducher et son époux sont désormais d'heureux grands-parents. Hélas, Joseph-Henri Maurs meurt tout juste un mois après la naissance de son petit-fils Paul. C'est une période bien sombre qui commence alors. La guerre est déclarée deux ans plus tard, et les deux frères Maurs partent au front.



Le 30 octobre 1914, à Vauquois( Meuse),   Henri est gravement blessé : il reçoit une balle dans le bras droit et a le tympan perforé par un éclat d'obus. Il sera renvoyé dans ses foyers en 1915. Alors que Marie s'inquiète pour la santé de son fils aîné, c'est le cadet qui disparaît : Hubert Maurs est '' Mort pour la France'' le 25 septembre 1915 à Souain ( Marne). Son fils Paul avait trois ans.


Après la guerre, Henri revient en France et retrouve son épouse et son fils Henri-Victor.

Sa belle-sœur Gabrielle et son neveu résident tout près, dans le onzième. Cette dernière travaille comme brodeuse et se remarie en 1933, elle vit alors avec son fils Paul, qui à 19 ans exerce le métier de boucher à Colombes.



Henri Maurs, s'installe ensuite à Saint-Mandé (94) avec son épouse et leur fils Henri-Victor, qui est mécanicien. C'est dans cette ville qu'il s'éteint le 13 août 1934.


Hospice de Noisy-le-Sec ( source: noisylesec-histoire.fr)

Sa mère Marie Ducher, veuve Maurs, réside désormais au 11 rue Tripier à Noisy-le-Sec (94). A cet emplacement s'élève alors l'hospice Saint-Antoine de Padoue, où Marie finira ses jours entourée de vieillards et de bonnes soeurs. Ses petits-fils, qui n'habitent pas très loin, sont maintenant sa seule famille proche. La pauvre vieille veuve a vu mourir ses deux fils. Elle n'est jamais retournée vivre dans son village natal. Repense-t-elle parfois à sa vallée, si peuplée du temps de sa jeunesse ? Quelle aurait été sa vie, si elle était restée y vivre auprès de ses sœurs ?



Marie Ducher s'éteint à Noisy-le-Sec le 22 avril 1939. Ses petits-fils viennent la saluer une dernière fois, avant qu'elle rejoigne son époux trois jours plus tard au cimetière du Père-Lachaise.  


1 Comment


alain.blog
Oct 01, 2024

Merci, Sébastien, pour ce parcours de vie de Marie. La lecture de tes articles, comme toujours, met agréable. En lisant le passage sur la guerre 14-18, j'ai repensé au roman "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaitre, dont a été tirée aussi une excellente BD et un film, que j'ai revu... hier soir. Merci encore

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