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Les soeurs Ducher, épisode 5: Pierre Ducher

houelse

Le 26 mars 1861, c'est l'effervescence au foyer de Jean Ducher et Antoinette Dumas : un nouvel enfant s'apprête à arriver. Après avoir eu quatre filles, le père aimerait enfin un garçon. Son vœu est exaucé: son premier fils, Pierre Ducher, naît à sept heures du matin. On le nomme Pierre en hommage à son grand-père maternel, Pierre Dumas - qui en réalité se prénomme Jean- qui quitte ce monde deux ans plus tard. Dans le bourg de Saint-Vincent rempli de jeunesse à cette époque, il grandit auprès de ses parents, de ses soeurs aînées Anne, Agathe, Marie et Marguerite, de sa grand-mère maternelle Marguerite Dumas et de ses nombreux cousins Ducher et Dumas.


Pierre voit naître ses cadets : Antoine en 1863, Elisa en 1866, Anna en 1868, Louise-Anna en 1870 - qui ne vivra que trois ans- et enfin un autre garçon prénommé Pierre en 1873.


Acte de naissance de Pierre Ducher

Au début des années 1880, il travaille comme domestique pour la famille Dufayet de la Tour. Firmin de la Tour est médecin, et fut maire de Saint-Vincent pendant trente ans, issu d'une illustre famille de la noblesse auvergnate, implantée dans la vallée depuis plusieurs siècles. Le château de la Borie, qui trône fièrement dans le bourg de Saint-Vincent depuis cinq siècles, appartient toujours à leurs descendants.


Château de la Borie

Pierre le sait maintenant, il ne restera pas toute sa vie au village. Comme tant d'autres attirés par les lumières de la ville et l'espoir d'une vie meilleure, il ira tenter sa chance à Paris. Ses soeurs l'ont fait avant lui: Agathe y a vécu quelques temps avant de revenir dans la vallée pour se marier. Marie et Marguerite y sont installées depuis plusieurs années. Il trouvera facilement un point de chute chez ses aînées, ou bien chez ses nombreux oncles et tantes. Pierre rejoint donc la cohorte de ces jeunes Auvergnats venus peupler le onzième arrondissement. Il débarque, sans doute, chez l'un de ses deux oncles Dumas, qui sont potiers d'étain et lui enseignent le métier.



L'année 1886 est terrible pour la famille Ducher, qui voit deux de ses enfants quitter ce monde en l'espace d'un mois. Le 13 août, Antoine, qui effectue son service militaire à Lyon, meurt à l'hôpital des suites de maladie, à 23 ans. Puis le cadet, Pierre - deuxième du nom- s'éteint le 2 septembre, à l'âge de 13 ans.


Le 20 novembre 1889, Pierre Ducher épouse dans le onzième arrondissement de Paris Julie Moranges, dix-huit ans, sans profession, native de Saint-Cirgues de Malbert (Cantal). Pierre habite alors au 11 rue Daval, et travaille comme potier d'étain. Sa fiancée vit juste à côté, au 12 de la même rue, avec ses parents Jacques et Marie Moranges, qui sont marchands de vin. Les parents de Pierre ont consenti officiellement au mariage par un acte passé chez Me Deflisque, notaire au Vaulmier . Deux des témoins sont des membres de la famille : Henri Maurs, trente-six ans, concierge au 63 rue de la Roquette, est le beau-frère de l'époux. Sa femme Marie Ducher -soeur du marié- est sans doute présente à la cérémonie. Jean Ducher, trente-trois ans, ferrailleur domicilié 18 rue neuve des Boulets, est sûrement un cousin proche.


Le couple a la joie d'accueillir son premier enfant le 22 janvier 1891. C'est un fils, que l'on prénomme Jean-Henri, Marcel. Hélas, trois ans plus tard, le 28 avril 1894, c'est soutenu par son beau-frère Maurs que Pierre Ducher vient, dans la même mairie, déclarer la mort de son jeune fils. La famille Ducher habite alors au 63 rue de la Roquette. Un malheur n'arrivant jamais seul, Julie Ducher perd sa mère, Marie Moranges, le 11 août 1895. Elle est alors enceinte de huit mois et donne naissance à une fille, Marie Ducher, le 2 septembre 1895.

La famille Ducher déménage ensuite dans le seizième arrondissement, où le couple s'établit comme marchands de vins. Leur fille cadette, Jeanne, vient au monde le 25 octobre 1903, dans leur appartement du 152 avenue de Versailles. En 1907, la famille vit au 132 faubourg Saint-Honoré, avant de s'installer comme restaurateurs au 34 quai de Passy.


Le 14 novembre 1918, juste après la fin de la guerre, la fille aînée du couple, Marie Ducher, donne naissance à une fille qu'elle prénomme Marcelle. Mais cette dernière porte, du moins à la naissance, le patronyme de Ducher. Son père, Georges Camard - tourneur en fer originaire du Nord- est un homme marié, déjà père d'un garçon de sept ans. Il divorce rapidement de sa première épouse puis reconnaît l'enfant, avant d'épouser Marie à la mairie du seizième arrondissement le 27 mars 1920. Dans ce quartier bourgeois, la cérémonie est célébrée " dans la plus stricte intimité".


Extrait du Réveil du Cantal, édition du 6 avril 1920. Source: Gallica.bnf.fr

Malgré le scandale de cette naissance hors-mariage, c'est sans doute la dernière joie de Pierre Ducher de connaître sa première petite-fille. L'enfant a maintenant deux ans et la situation inconvenante a enfin été régularisée. Avant de s'éteindre, le petit gars de Saint-Vincent devenu un commerçant respecté du seizième peut être fier de son parcours : débutant dans la vie comme domestique pour les nobles de son village, il a tenté l'aventure parisienne et est venu grossir les rangs de la " colonie auvergnate de Paris" - selon les termes de l'époque. Simple ouvrier potier, il a gravi l'échelle sociale en devenant marchand de vin puis restaurateur dans un quartier chic de la capitale.


Le 1er septembre 1920, Pierre Ducher s'éteint "muni des sacrements" à son domicile du quai de Passy. Il n'avait que 59 ans mais sa vie fut bien remplie.



extrait de "l'Auvergnat de Paris" du 4 septembre 1920
L'église Notre-Dame de Passy (Paris 16ème)

Les funérailles ont lieu le 4 septembre à l' église Notre-Dame de Passy à midi. Ses filles , son gendre , et sa petite-fille Marcelle Camard accompagnent Pierre Ducher à sa dernière demeure, le cimetière du père-Lachaise. Ses soeurs Marie Maurs et Elisa Vigier sont probablement présentes, avec certains neveux de Paris ; on peut imaginer que les autres n'ont pu faire le déplacement depuis Saint-Vincent.

Sa veuve déménage rue Pauly. Désormais veuve, elle a la douleur de perdre son père Jacques Moranges le 19 décembre 1922.


Georges et Marie Camard ont une deuxième fille, Jeanne. Ils s'installeront ensuite en banlieue parisienne. En 1925, Jeanne Ducher épouse Pierre Teulade, natif de Saint-Cernin. Après la douleur d'avoir perdu un enfant mort-né en 1926, Pierre et Jeanne ont une fille, Thérèse Teulade, née en 1927. La famille quittera Paris pour vivre à Espaly-Saint-Marcel, en Haute-Loire.

Le 22 février 1929, Julie Moranges, veuve Ducher, s'éteint à son tour. Le 24 février, sa famille est réunie pour un dernier hommage au père-Lachaise.

extrait de "L' Auvergnat de Paris", 9 mars 1929




1 Comment


alain.blog
Oct 30, 2024

Une "montée" à Paris couronnée de succès professionnelle, mais, comme pour chacun, avec ses soucis et aléas de la vie ! Meric Sébastien

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