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Les souvenirs de Mme Dumas, épisode 1: les jeunes années

houelse

Dernière mise à jour : 29 janv.

Une paysanne auvergnate, à qui devait sûrement ressembler Marguerite Borderie
Une paysanne auvergnate, à qui devait sûrement ressembler Marguerite Borderie

À l'automne d'une vie commencée il y a bien longtemps, ils sont un peu flous, les souvenirs de Marguerite Dumas, née Borderie. Presque tout ce qu'il reste de sa vie est là, dans cette maison du bourg de Saint-Vincent de Salers. Comme les feuilles mortes, certains événements se sont détachés de sa mémoire, puis envolés. Son existence fut bien remplie, jalonnée comme toutes les vies simples, de peines et de joies. Ce siècle qui touche presque à sa fin leur a réservé bien des surprises. Des visages restent gravés, d'autres ont disparu. Appréhende-t-elle sa mort inéluctable et sans doute proche en se disant qu'elle verra enfin Dieu? Ce Dieu pourtant si cruel, qui lui a enlevé de nombreux êtres chers. Tout d'abord sa pauvre mère, partie si jeune, dont le souvenir s'efface un peu plus chaque jour. L'ombre rassurante de son père, qui a longuement vécu à ses côtés. Son cher vieux mari, qui a fait tant de sacrifices pour les siens, et qu'elle revoit, à la veillée, racontant ses aventures en Espagne à ses petits-enfants qui l'entouraient. Puis ses trois fils, les pauvres garçons doivent être au Paradis. Ils y ont rejoint leurs propres enfants qui eurent une vie bien éphémère. Aidons Madame Dumas à rassembler ses souvenirs, et feuilletons pour elle les vénérables registres paroissiaux qui ont gardé la trace de ses origines.

Acte de mariage de Jean Borderie et Magdelaine Mouriau, parents de Marguerite
Acte de mariage de Jean Borderie et Magdelaine Mouriau, parents de Marguerite

Juste avant la Révolution Française, la paroisse d' Anglards, en Haute-Auvergne, avait un vicaire nommé Rivet. Et Rivet était un homme consciencieux. Aussi, c'est avec soin qu'en ce début d'automne, selon qu'il en a coutume, il prépare le mariage de deux jeunes paroissiens. Le protocole est respecté à la lettre: les bans ont été dûment publiés les dimanches 30 septembre, 7 et 14 octobre. Les fiançailles ont été célébrées, comme il se doit, le mardi 23 octobre. Enfin, le jeudi 25 octobre 1787, le vicaire rédige, de sa belle écriture ronde et lisible, l'acte de mariage de Jean Borderie et Magdelaine Mouriau. Les deux jeunes fiancés ont à peine vingt ans. Ils sont tous les deux nés à Anglards en 1768, lui le 12 juin, elle le 27 janvier. La mère du jeune homme, Élise Garcelon, est fermière au village de Longevergne. Elle est veuve de Pierre Borderie depuis quinze ans. Les parents de la promise, Antoine Mouriau et Catherine Serre, sont meuniers au moulin de Longevergne. Le frère aîné de l'époux est un des témoins. Rivet précise que '' les parties n'ont su signer, de ce requis.'' Le vicaire se réjouit certainement de donner la bénédiction nuptiale à ces deux jeunes pleins d'avenir, qui fonderont bientôt une nombreuse famille, qu'ils élèveront dans l'amour du Seigneur, le respect de l'ordre social et l'obéissance au Clergé et à la Noblesse.


Le 28 avril 1788 - soit sept mois plus tard - naît la fille ainée du couple, qui sera prénommée Élise. Sa cadette, Catherine, vient au monde le 7 octobre 1789, mais meurt deux mois plus tard. Vient ensuite Antoinette, le 14 février 1791. En 1792, les registres d'état civil remplacent les registres paroissiaux. La belle écriture du vicaire Rivet disparaît, remplacée par les gribouillis de l'officier public Faucher. Il y inscrit la naissance d'une troisième soeur, Alix, le 3 avril , et son décès le 15 décembre.

Acte de naissance de Marguerite Borderie, 19 novembre 1793
Acte de naissance de Marguerite Borderie, 19 novembre 1793

La vie de mon aïeule Marguerite Borderie commence le 19 novembre 1793. Son oncle Jean Mouriau et sa tante Marguerite Borderie - qui sont probablement ses parrain et marraine - vont le jour même déclarer sa naissance. Elle est la cinquième fille de Jean et Magdelaine, qui quittent Longevergne pour le hameau de Baliergues, plus à l'est, presque à la naissance de la vallée du Mars. Marguerite voit ensuite naître ses cadets: Lise en 1795, Jean en 1798, Jean ( deuxième du nom) en 1800, Marie en 1803 ( décédée en 1804), et Jean-Antoine en 1805. Jean et Magdelaine vivent donc à Baliergues avec leurs sept enfants lorsque la mère de famille se trouve enceinte pour le dernière fois.

Acte de décès de Magdelaine Mouriau
Acte de décès de Magdelaine Mouriau

La délivrance arrive: le 16 février, Magdeleine met au monde son dernier fils, Antoine. Mais elle tombe bien vite malade, sûrement des suites de cet accouchement, et meurt le 27 mai, à 39 ans. Le 17 juin, l'adjoint Henry Lescurier rédige l'acte de décès du pauvre enfant, qui, sans doute trop faible , n'a pas survécu non plus. Ayant besoin d'une femme pour s'occuper du ménage et de la marmaille, Jean Borderie se remarie bien vite: le 12 mai 1808, il épouse Antoinette Mossier. Cette dernière a trente-quatre ans, elle s'occupera des aînés et lui donnera sûrement de nombreux autres enfants.



Automne 1809: sa nouvelle épouse est enceinte, mais Jean n'a que peu le coeur à se réjouir car il enterre l'un de ses fils, mort prématurément à l'âge de dix ans. Un garçon voit le jour le 12 avril 1810, premier fruit de sa seconde union. On le prénomma Jean, et il mourut huit jours plus tard. La série noire continue et Marguerite, à présent adulte, perd un autre de ses frères, Jean-Antoine, le 8 septembre 1812, puis voit naître un second demi-frère, Philippe, le 13 mai 1813. Sa soeur Lise disparaît le 15 septembre 1814.


La famille Borderie, début 1815, se compose donc de sept personnes :


  • Jean Borderie, 47 ans, le père

  • Antoinette Mossier, 41 ans, la mère/belle-mère

  • Elise, 27 ans

  • Antoinette, 24 ans

  • Marguerite, 22 ans

  • Jean, 15 ans

  • Philippe, 2 ans


Acte de décès d' Antoinette Mossier
Acte de décès d' Antoinette Mossier

Le destin semble s'acharner sur Jean Borderie, qui devient veuf pour la deuxième fois le 16 mai 1815. La famille Borderie est de nouveau réunie dans l'église d' Anglards pour un dernier hommage à l'un des siens. Antoinette Mossier est enterrée à Anglards. Jean, deux fois veuf, est entouré de ses enfants survivants, et probablement de certains de ses frères et sœurs.


Que va-t-il advenir, à présent, de la famille ? Désormais seul, le patriarche va devoir s'occuper de sa nombreuse descendance. Les aînées sont en âge de se marier, il faudra veiller à leur trouver un bon parti. En attendant, elles devront s'occuper du ménage, le plus petit des enfants a à peine deux ans. Est-il raisonnable d'envisager un troisième mariage ? Qui voudrait épouser un vieux veuf qui a cinquante ans et cinq enfants ?


Un nouveau départ va s'offrir à eux: quelques temps plus tard, Jean Borderie et ses enfants quittent le village de leurs ancêtres, où tant de malheurs se sont succédé ces dernières années, pour s'installer à Saint-Vincent - à environ quinze kilomètres. C'est une nouvelle vie qui démarre.


4 Comments


Barralou
Jan 15

La vie était dure en ces temps là et la mortalité infantile importante. J ai hâte de vous lire , cela me plonge dans ma propre histoire auvergnate celle de mes ancêtres près de St Flour.

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houelse
Jan 20
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Merci pour votre commentaire, en espérant que la suite à venir vous plaira

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Christiane Bruneau
Jan 15

Bravo pour ce début ! j'attends la suite avec impatience !

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houelse
Jan 20
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Merci beaucoup, vous découvrirez la suite des aventures de la famille, avec un épisode plus joyeux.

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