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Les trois mariages du pâti

  • houelse
  • 30 sept.
  • 5 min de lecture

Gravure de Carle Vernet représentant un chiffonnier (19eme siècle)
Gravure de Carle Vernet représentant un chiffonnier (19eme siècle)

À l'automne de sa vie, mon ancêtre Claude Durix, qui fut manouvrier et marchand à Varennes-sous-Dun, paroisse puis commune du Brionnais proche de La Clayette, en aurait des souvenirs à raconter. Né sous l'Ancien Régime, il a traversé toutes les turbulences de la Révolution Française, connu la République , l'Empire puis la Restauration. Son existence fut marquée par trois mariages et de nombreux deuils. Voûté par une longue vie de travail, il a aujourd'hui le même âge que le roi de France, Louis XVIII. Arrivé quasiment à la fin de son parcours sur cette Terre, il n'est plus très vaillant et vit ses dernières années, paisiblement, auprès de son épouse Madeleine. Sa descendance n'est pas si nombreuse : seulement deux enfants ayant vécu jusqu'à l'âge adulte, et une belle-fille qu'il considère peut-être comme sa fille. Ils lui ont tout de même donné quinze petits-enfants, qui habitent tous dans la commune. Son futur vit sous ses yeux, et les souvenirs défilent dans sa mémoire.


Acte de baptême de Claude Durix (source: site des archives départementales de Saône-et-Loire)
Acte de baptême de Claude Durix (source: site des archives départementales de Saône-et-Loire)

Claude Durix est venu au monde à Varennes-sous-Dun le 10 juin 1755, et fut baptisé dans la foulée par le vicaire Thévenet. Accompagné sur les fonds baptismaux par son oncle Claude Durix et sa tante Françoise Canet, épouse de ce dernier, il est le cinquième enfant de François Durix et Catherine Lathuillière, après Antoine ( dix ans), Jeanne ( née en 1747) , Jean ( quatre ans) et un frère mort-né sans prénom l'année précédente. Il verra naître son cadet Claude-Marie en 1759. 


Ses parents sont de modestes laboureurs, et Claude n'a que neuf ans lorsque sa mère disparaît. Le père la rejoint dans la tombe quelques années plus tard. 


Acte de décès de Claudine Durix, née Lathuillière ( source: site des archives départementales de Saône-et-Loire)
Acte de décès de Claudine Durix, née Lathuillière ( source: site des archives départementales de Saône-et-Loire)

Le jeune Claude est alors pris en charge par son parrain, qui devient son curateur. C'est ce que nous apprend son acte de mariage. Le 13 janvier 1778, il donne son consentement à l'union de son neveu avec Antoinette Marin, domestique originaire de Gibles et comme lui fille de modestes laboureurs. Le couple s'installe à Varennes. Quelques mois plus tard, Claude a la tristesse d'enterrer sa marraine, il est au côté de son parrain en cette pénible circonstance. 

 Acte de mariage de Claude Durix et Antoinette Marin ( source: Archives départementales de Saône-et-Loire)
Acte de mariage de Claude Durix et Antoinette Marin ( source: Archives départementales de Saône-et-Loire)

Le 26 septembre 1780, Claude est témoin au mariage de son frère Jean avec Étiennette Ducroux. Son fidèle parrain est présent et également témoin. Les années passent, et aucun enfant ne vient égayer le foyer de Claude et Antoinette. Leur histoire se termine par un veuvage prématuré : Antoinette décède le 2 avril 1783. 

Acte de mariage de Claude avec Marie Gaillard
Acte de mariage de Claude avec Marie Gaillard

Le jeune veuf est bien déterminé à fonder une famille. Aussi, moins d'un an après le décès de sa première femme, le 10 janvier 1784, Claude Durix se remarie. Il épouse Marie Gaillard, native comme lui de Varennes. Marie est la benjamine d'une nombreuse fratrie issue d'un lignée de tailleurs d'habits, établie à Varennes depuis 1711. Son père, Benoît, est laboureur et tisserand. Son grand-père paternel, Nicolas Gaillard, originaire de Vauban, était laboureur et tailleur d'habits. Sa mère Jeanne, née Lacarelle, a quitté ce monde il y a plus de vingt ans. L'époux a pour témoins ses frères : Jean Durix est tisserand à Varennes, et Claude-Marie Durix compagnon tailleur d'habits. Les liens entre les trois frères Durix semblent forts ; Jean fut également témoin au mariage de Claude-Marie en 1787. Leur aîné, Antoine, s'est éloigné : il a reçu une formation de maître tisserand, profession qu'il exerce bien loin d'ici, à Montmerle-sur-Saône, dans l'Ain. Il ne reviendra jamais dans son village natal. 


Le 3 avril 1786, Claude et Marie accueillent leur premier enfant : la nouvelle-née est nommée Jeanne-Marie et est baptisée dans la journée, en présence de son oncle Claude-Marie et de sa tante Jeanne, qui sont parrain et marraine. Jeanne-Marie vient d'avoir deux ans lorsque, le 13 avril 1788 naît son frère Benoît, mon aïeul. Il porte le prénom de son grand-père maternel et parrain, Benoît Gaillard.  


Le 21 octobre 1791, Claude Durix est accompagné au cimetière de Varennes par son beau-frère Philippe Gaillard pour enterrer son deuxième fils - aussi prénommé Benoît, né le 25 juillet précédent . Claude et Marie auront deux autres fils, Jean ( 1792-1799) et Philippe (1795-1801). Seuls les deux aînés, Jeanne-Marie et Benoît, survivront jusqu'à l'âge adulte. 


Le 14 février 1806, Claude et ses deux enfants se recueillent près du lit de mort de leur mère et épouse : Marie Gaillard s'éteint à l'âge de quarante-sept ans. À nouveau veuf, Claude devra veiller à trouver un bon parti pour Jeanne-Marie et Benoît.

Acte de mariage de Claude Durix et Madeleine Durix
Acte de mariage de Claude Durix et Madeleine Durix

Il sera sans doute aidé dans sa tâche par sa troisième épouse : le 27 janvier 1807, Claude Durix convole à Saint-Racho en troisièmes noces avec Madeleine Durix. Il exerce à présent le métier de marchand et de "pati" - ou "pattier"-  c'est-à-dire de chiffonnier, qui récupère les tissus et peaux d'animaux pour en faire commerce. Paysanne quarantenaire, Madeleine est née en 1764 à Saint-Racho où elle a toujours vécu. C'est pour elle une première union. Madeleine a une fille unique - aussi prénommée Madeleine - née en 1790 d'une union hors-mariage avec un certain Philippe Puillet. Les deux Madeleine, mère et fille, s'installent ensuite à Varennes. 


Quelques années plus tard, Claude trouve avec la famille Gueurce un arrangement matrimonial honorable. Ainsi le 3 mai 1809, à neuf heures du matin, c'est un double mariage qui est célébré en l'église de Varennes-sous-Dun : Benoît Durix épouse Jeanne Gueurce, fille de mes aïeux alors déjà défunts Joseph Gueurce, qui fut tisserand et laboureur à Varennes, et Claudine Brancion. Jeanne-Marie Durix, soeur aînée de Benoît, s'unit à Jean-Marie Gueurce dit "Lefranc", frère aîné de Jeanne. Le frère et la soeur Gueurce sont les seuls survivants de leur famille. 


L'année suivante, Claude devient grand-père. Ses deux premiers petits-fils portent son prénom : Claude Durix naît le 25 septembre 1810, et son cousin Claude Gueurce le 10 octobre 1811. Le pâti de Varennes déclare lui-même la naissance des deux enfants, ainsi que de plusieurs de leurs cadets: Michelle Durix en 1813 - née "impotente" - Benoit Gueurce en 1814, Étiennette Durix et Jeanne-Marie Gueurce - qu'on qualifie d' "aliénée" - en 1817, et  Étiennette Gueurce en 1820. 

Acte de décès de Claude Durix ( source: site des Archives départementales de Saône-et-Loire)
Acte de décès de Claude Durix ( source: site des Archives départementales de Saône-et-Loire)

Arrivé au terme de sa vie, le pâti s'éteint en son domicile du bourg de Varennes le 13 février 1821, à neuf heures du matin. Son fils Benoît, tisserand à Varennes, déclare son décès le lendemain. 

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Jeanne-Marie Durix, épouse Gueurce, rejoint son père dans la tombe le 28 novembre suivant, à seulement trente-cinq ans. Benoît Durix et son épouse Jeanne Gueurce accueillent deux derniers fils en 1822 et 1824. Madeleine, la troisième femme du pâti, passe les dernières années de sa vie au bourg de Varennes, où elle décède le 30 janvier 1827. 

1 commentaire


Dominique Lenglet
01 oct.

J'ai découvert un nouveau métier, pati. Merci

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