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Marguerite Buffet, du Bourbonnais au Brionnais

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Carte du Bourbonnais (source: http://micbourbonnais.free.fr/histo.htm )


En ce début d'été, le soleil darde ses premiers rayons sur les collines verdoyantes du Bourbonnais, qui s'appelle officiellement l'Allier depuis 1790.  Napoléon III est encore Empereur, mais pour quelques mois seulement. Dans la commune d'Avrilly, au village des Jarrots, hameau étendu en bord de Loire, c'est l'effervescence dans le taudis de Claudine Buffet, une journalière indigente de trente-six ans. Réveillée par les premières contractions, elle s'apprête à accoucher. Marie Rousset, la vieille sage-femme qui a sans doute été prévenue par Claude, le fils aîné âgé de neuf ans, est à pied d' oeuvre. Elle s'affaire autour de la future mère.




Cette dernière vit seule avec son fils, depuis le décès récent de sa mère Pierrette Desmolles, dont elle était la fille unique. Son père, Jean Buffet, elle ne l'a pas connu, car il est mort bien prématurément à l'âge de vingt-cinq ans, le 12 décembre 1834. Claudine avait tout juste deux mois. Elle porte le prénom de sa grand-mère paternelle, Claudine Fréty, disparue depuis bien longtemps. Son grand-père, Emmanuel Buffet, était un bandit, dont les frasques nourrissent encore les rumeurs, plus de quarante ans après son exécution en place publique.




En cette matinée d'été 1870, donc, Claudine Buffet est dans les douleurs de l'enfantement. Tout semble se passer au mieux. À dix heures, c'est la délivrance : naît une petite fille, que l'on prénomme Marguerite. Après avoir achevé sa tâche, la sage-femme file, dans la foulée, faire la déclaration de naissance à la mairie. Au recensement de 1872, Claude ne vit plus avec sa mère, il est sûrement déjà placé dans une ferme des environs pour gagner sa croûte. Claudine est qualifiée d' indigente.




Acte de naissance de Marguertie Buffet


La petite famille n'habite plus à Avrilly entre 1876 et 1891. Ils y sont présents au recensement de 1891, où Claudine vit de nouveau au hameau des Jarrots, avec son fils Claude, qui à trente  ans exerce le métier de tisserand. Un oncle, Philippe Girard, habite avec eux. Marguerite ne vit pas à Avrilly à cette époque.  Le 4 août 1891, Claude Buffet épouse Claudine Crouzier, une cultivatrice de 27 ans. Le couple aura deux enfants : Barthélémy Buffet (1894-1898) et Marguerite Buffet (1896-1992). Claudine vit désormais seule au hameau des Glabots. Marguerite, qui a 26 ans, vit dans une autre commune mais se réinstallera à Avrilly vers 1897. Le 19 avril 1898, elle y épouse Eugène Houël - qui est surnommé Edouard- journalier originaire des Vosges. Né à Vecoux (88), de père inconnu, ce dernier n'a plus aucune famille. Sa mère, Marie-Anne Houël, est décédée en 1877. Le couple quitte le Bourbonnais et s'établit dans le Brionnais, à Baugy (71) commune distante de trois   kilomètres.  Claudine s'installe avec eux au hameau du Champêtre, où elle décède le 27 février 1900, en tout début d'après-midi. Marguerite est alors enceinte de huit mois et demi.






La première fille du couple, Claudine dite  Charlotte, voit le jour le 13 avril 1900. Elle aimait dire qu'elle était ''née avec le siècle ''. L'enfant fut sûrement prénommée ainsi en hommage à sa grand-mère maternelle récemment disparue. La famille s'agrandit avec la naissance de Claude, en 1902, puis de Marie en 1904, d'André en 1908, de Ferdinand en 1909 et de Charles en 1913. Eugène travaille comme ouvrier agricole chez Daniel, à Marcigny, une petite ville toute proche, puis par la suite à son compte. Lorsqu' éclate la première guerre mondiale, Eugène, qui est déjà âgé et père de famille nombreuse, n'est pas mobilisé. Les enfants grandissent et, désormais en âge de travailler, sont placés comme domestiques dans des fermes des environs. En 1921, Charlotte travaille comme domestique chez la famille Barlerin, qui habite rue du canal, à Chambilly (71), sur l'autre rive de la Loire. Claudius se marie en 1924, et Eugène et Marguerite deviennent grands-parents l'année suivante.



La famille Houël vers 1918: Eugène et Marguerite avec leurs quatre plus jeunes enfants.


Eugène et Marguerite en 1924, au mariage de leur fils aîné





En 1936, après une vie de travail, Marguerite et son époux ont enfin la satisfaction de pouvoir acheter leur propre maison : ils acquièrent une petite demeure au hameau de la Perrière, à la sortie du bourg de Semur-en-Brionnais (71). Eugène y est cultivateur à son compte. Leurs six enfants sont à présent installés dans la vie active. Charlotte vit désormais à Paris, où elle travaille comme domestique chez Germaine Barlerin et son époux François Fouillet. Claudius et son épouse Élise sont cultivateurs à Artaix  (71) où ils élèvent leurs quatre enfants. Deux autres enfants viendront plus tard agrandir la famille. Marie a épousé Louis Ackermann, ils sont cultivateurs à Melay (71) et après presque dix ans de mariage, s'apprêtent à accueillir leur premier enfant. André est ouvrier agricole chez Laforêt, à Saint-Martin du Lac (71). Ferdinand est cultivateur chez Dupuis à Artaix (71). Charles est ouvrier agricole chez Valorge, à Anzy-le-Duc (71)




La guerre éclate en 1939. Les fils de Marguerite et Eugène sont mobilisés. Lorsque la "drôle de guerre" se termine, Charles est de retour au pays et assiste le 23 novembre 1940 au mariage de son frère André avec Claudia. Ferdinand n'est pas présent sur la photo: moins chanceux que ses frères, il a été fait prisonnier par les "boches". Après plusieurs tentatives infructueuses, il finira par s'évader.


La famille alterne donc entre inquiétudes et joies en ces premières années d'occupation. La santé d' Eugène, le patriarche, se dégrade. Il passe ses derniers mois dans sa petite maison de Semur, où il s'éteint en plein milieu de l'été, le 31 juillet 1943. Marguerite le fait inhumer dans le petit cimetière, tout proche de la maison. Depuis sa tombe, Eugène pourrait presque l'apercevoir.


A l'automne 1944, Marguerite a la joie d'assister au mariage de Ferdinand avec Irma.

Après une période sombre, sonne l'heure de la libération. La guerre est officiellement terminée le 8 mai 1945. A la joie de la liberté retrouvée s'ajoute celle d'un autre heureux évènement: Charles épouse Marguerite en juin 1945.





Marguerite Buffet, veuve Houël, est une matriarche comblée. Elle reçoit régulièrement la visite de ses six enfants et de ses quatorze petits-enfants, qui vivent tous dans le Brionnais. Sa petite maison, elle ne la quittera qu'au moment d'aller à l'hôpital de Marcigny, où elle s'éteint le 26 août 1959. Quelques jours plus tard, elle rejoint Eugène dans leur dernière demeure.




 



2 Comments


alain.blog
Mar 02, 2024

Merci beaucoup, pour cette biographie, si j'aime écrire et raconter, j'aime tout autant lire et vos histoires le plaisent !

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Guest
Mar 18, 2024
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Bonsoir, merci pour votre message, Alain, je vous retourne le compliment 😉

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