
En cette période de fêtes de fin d'année, je me suis intéressé à mes ancêtres nés, morts ou mariés à Noël, toutes époques confondues. Seulement trois d'entre eux appartiennent à cette catégorie. Si aucun mariage n'a pu être recensé, j'ai trouvé une naissance et deux décès.
• Charles Delmas (1730- disparu en 1773)

Mon ancêtre Charles Delmas (Sosa 220) était sabotier en la paroisse de Chalvignac (Cantal) au XVIIIème siècle. Il y a vu le jour au village de la Forestie et fut baptisé le 24 décembre 1730, par le curé Conort. Son parrain fut Charles Courrieu et sa marraine Marguerite Delmas. Charles est le quatrième d'une famille de quatorze enfants, nés entre 1726 et 1751. Ses parents, Jean Delmas et Anne Delpeuch, se sont mariés le 12 février 1725. Devenu sabotier comme son père, Charles épouse le 27 novembre 1755 Jeanne Ternat, domestique au château de Miremont. Ce domaine seigneurial, ayant appartenu pendant près de 200 ans à la famille de Bourbon-Malause, est à l'époque la propriété de la famille de Simiane. Il sera abandonné quelques années plus tard et est aujourd'hui en ruines.


Charles n'a pas encore d'enfant lorsqu'il devient veuf le 24 juillet 1757. Le 6 février 1758, il épouse en secondes noces Marie Aigueperse. Cette dernière a trente ans, elle est la fille des défunts Jean Aigueperse et Anne Gibert, originaires du Vigean. Les parents de Charles sont présents pour donner leur consentement. Marie et Charles auront quatre fils: Antoine (1758-1830, mon Sosa 110), Jacques (1765-1834) , Jean (1767-1835) et Martin (1769-?). L'aîné n'a pas quatorze ans lorsque Marie s'éteint, le 7 février 1772. Charles se retrouve seul avec ses plus jeunes garçons, et sa vieille mère. Puis nous perdons sa trace, car il disparaît de la région vers 1773. Sur l'acte de mariage de son fils Antoine, le 28 janvier 1783, il est indiqué que Charles est "absent de la province depuis plus de dix ans, et certifié mort par plusieurs hommes de la paroisse". Qu'est-il devenu? Disparition volontaire? Mort imprévue alors qu'il était parti chercher fortune dans une autre région? Agression au coin d'un bois par des bandits de grand chemin? Meurtre? Accident ? Il est probable que personne ne saura jamais ce qu'il est advenu du pauvre sabotier né la veille de Noël.


• Anne Clémensac (1706-1779)

Le 25 décembre 1779, par un froid glacial, mon aïeul Antoine Dufayet et son frère cadet Pierre sont unis dans la même tristesse. Le curé Périer prononce, entre deux claquements de dents, l'oraison funèbre de leur mère Anne Clémensac, qui s'est éteinte la veille, à l'âge de 73 ans. Anne Clémensac a vu le jour au village de Conrut, sur la paroisse du Vigean (actuel Cantal) le 10 août 1706. Son père François Clémensac est originaire d'Arches, une paroisse voisine. La famille de sa mère, Jeanne Guillaume, est implantée à Conrut depuis longtemps. Anne a pour parrain son oncle Abraham Clémensac, et pour marraine sa tante Anne Guillaume. Elle est la deuxième fille du couple de brassiers, après Antoinette, née le 5 août 1704 et morte quinze jours plus tard. Naîtront ensuite Antoinette en 1711 et Julien le 25 décembre 1713. Sa mère Jeanne est de nouveau enceinte à la fin de l'année 1715, et quand les contractions commencent le 25 décembre, elle ne se doute pas qu'elle ne connaîtra jamais l'année 1716; elle accouche d'une fille prénommée Alix le 26. La pauvre enfant meurt le lendemain, et la mère le surlendemain. Une atroce fin d'année pour Anne, qui n'a que neuf ans. Le père Clémensac se remarie en 1717, il épouse Marie Roche, veuve de Pierre Dufayet. Le couple aura deux enfants sur le tard.

Le 11 février 1730, Anne Clémensac épouse Antoine Dufayet, dit "le Faure", le fils aîné de Marie Roche, sa marâtre. Le couple aura six enfants : Antoine ( mon ancêtre , 1731-1808), Agnès (1734-?) Anne (1737-1808), Pierre (1740-1804), Catherine (1743-?) et Anne (1745-?). Après avoir passé au village de Conrut une longue vie de labeur, "Le Faure" s'éteint le 13 février 1767, à 66 ans. Anne, désormais veuve, passe à Conrut le reste de ses jours, entourée de sa descendance. Elle rejoint son époux dans la tombe douze ans plus tard, le jour de Noël.


• Marguerite Billard (1844-1922)

Mon arrière-arrière-grand-mère Marguerite Billard a vu le jour au hameau du Plâtre, sur la commune de Saint-Symphorien des Bois en Saône-et-Loire, le 8 mars 1844. Elle est la troisième d'une fratrie de quatre, après Benoîte ( née en 1838) et Jean-Marie (né en 1841). Sa sœur cadette, Jeanne, viendra compléter la famille en 1849. Son père Jean est un solide gaillard de 42 ans, charpentier et cultivateur. Sa mère, Claudine Fayolle, est un peu plus jeune. Elle meurt brutalement le 10 juin 1852, laissant un veuf déjà chenu et quatre orphelins. Benoîte, la soeur aînée, sera sans doute une mère de substitution pour ses cadets et s'occupera de son vieux père. Elle finira sa vie sans mari ni enfants.
Marguerite convole en 1868 avec Jean-Marie Thuret, un cultivateur de 32 ans. Établi à Saint-Symphorien, le couple fonde une famille : Laurent naît en 1870 et Claude-Marie en 1873. Jean Billard, leur grand-père, s'éteint le 24 janvier 1890 à 88 ans. Une fois rentrés de l'armée, les deux frères songent à prendre femme : Laurent épouse Marie Durix en 1901, et son cadet se marie avec Marie Perrin en 1904. Marguerite et son époux deviendront grands-parents de dix petits-enfants.
La guerre se passe sans trop d'encombres. Laurent, presque quinquagénaire, bien que mobilisé, restera à l'arrière. Son cadet, envoyé à Salonique, sera rapatrié après avoir contracté le paludisme ( dont il se remettra).

Au sortir de la guerre, Marguerite et Jean-Marie vivent toujours dans leur village natal qu'ils n'ont jamais quitté. Non loin de chez eux vivent Claude-Marie, son épouse et ses trois enfants. Laurent et Marie ont quant à eux quitté le village avec leur nombreuse famille pour s'établir un peu plus loin, à Saint-Julien de Civry. Jean-Marie n'aura pas la joie de rencontrer son dernier petit-fils, il s'éteint de sa belle mort le 2 mai 1920. Veuve, Marguerite va passer ses vieux jours chez son fils Claude-Marie, au hameau du Plâtre. C'est là qu'elle s'éteint le 25 décembre 1922.

Comments